le témoignage
de Georges BILLET
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E.S.O.A au P16, 12 mois au quartier Valence à AGEN (par George BILLET dit "BIB’S) Arrivée le 1° Octobre 1963 pour 7 heures à la gare de Agen, accompagné avec un autre civil comme moi, rencontré dans le train: BERTHOUX ; après mon voyage de Lunéville (54), transfert de la gare de l’Est à la gare d’Austerlitz, train de nuit, pas chauffé, pas de place, c’est beau le civil ! On a la Foi et le prix du casse-croûte de la SNCF est prohibitif : 1250 francs ou 12Frs50. Alors on reste sur notre faim, et le jambon ,en plus, n’est pas très frais. Agen : Il fait frais et brumeux ce matin. Les marronniers du gravier perdent leurs feuilles ; c’est l’automne. Nous allons de la gare vers la caserne Valence, à pied, et c’est pas tout près ! Accueil
au poste de police de la caserne Valence, nous sommes dirigés
vers la compagnie A, le grand bâtiment à gauche en entrant.
C’est le début de mes 33 ans et demi de carrière. Et aussi nous avons testé la faiblesse des équipements fournis par l’intendance: Les chaussures de sport que nous avons perçues dans le paquetage sont presque détruites ! Les semelles en corde commencent à se déliter suite aux exercices sur la piste en crasses et scories du terrain de sport détrempée par les pluies d’automne. Nos pauvres chaussures vont en baver et il faudra les économiser ou en acheter des neuves, mais où et comment ?. Et on en achètera ou on s’en fera envoyer, mais on ne sait pas comment communiquer avec l’extérieur.. Car pour l’argent, il faudra attendre un mois. La solde nous sera remis à ce moment , avec les 16 paquets de cigarettes Troupe et deux paquets de tabac gris, huit timbres FM par mois et un bon de colis tous les deux mois. Pour s’en rouler quelques unes, pas de papier à rouler !!!. Il faudra se débrouiller. Le PQ devra suffire en attendant. La série des TAB nous retient en chambre tout le week-end et économie oblige les repas sont remplacés par de la soupe bouillon de poule. C’est tout ! Cela doit être bon pour la ligne, mais certains restent au tas bloqués et geignants sur le lit, bien couverts et pleins de fièvre. On se soutient et on veille. Et puis le Foyer s’ouvre enfin après une semaine. C’est une découverte ! Les prix sont abordables, mais on a pas d’argent !… Un soda jus d’orange coûte 80 francs, un paquet de cigarettes gauloises coûte environ 120 francs, C’est trop cher pour moi et d’autres. Les fils de familles aisées parviennent à faire quelques achats et certains qui prennent un peu pitié de nous, nous donnent ou nous prêtent de quoi fumer et partagent la boisson ou le soda achetés. Une grande fraternité commence à prendre forme. LABESSE, à qui j’ai réussi à prêter un billet Victor Hugo de 500 francs ! La solde était de 33 francs par jour ! Aujourd’hui, l’équivalent de 33 centimes de nouveau franc. Ce sera toute une bande qui se formera et qui restera liée jusqu’au bout du peloton et même après!!! L’hiver, avec le charbon et les corvées de ce précieux minerai, nous a permis de souder encore plus notre camaraderie. Nous devions faire des économies pour pouvoir se chauffer de façon relativement confortable et ne pas avoir froid la nuit. Des gardes furent montées afin d’assurer la veille du poêle à charbon qui équipait chaque chambrée. Au moment de la perception , il y a eu des champions de la rapine qui remplissaient le seau et qui rabiotaient des boulets dans leurs poches , protégées de chiffons pour ne pas se salir. Il y en a qui on réussi à piquer 30 boulets ! Qu’elle aubaine ! Et les histoires racontées en soirée avant de s’endormir: PORTHÉ, prémilitaire para de St RAPHAEL., qui nous parlait de ses sauts, de sa participation avec les prémilitaires de Fréjus et renforçant l’effectif de la Sécurité Civile ont surpris des détrousseurs de cadavres suite à la catastrophe récente du barrage de MALPASSET… Et puis tous ces copains des pelotons que je ne pourrais tous nommer. Mes souvenirs sont loin tout de même, mais je nomme dans « Noms P16 » tout de même ceux qui me reviennent :dont DALMANN, MOSCA les guitaristes, et OLLIER, (ils étaient deux), OBENANS le magicien qui est allé au Théâtre des Armées, , KALADJEW (qui venait de AGADIR, ville du Maroc, ville totalement détruite qui avait subi un terrible tremblement de terre en 1960), DAZELLE (qui effectuait des remplacements de garde contre finances, et ça en intéressait !!!), et aussi les sportifs d’Antibes : MICHEL, THERON, ATGER, LECORDIER,etc… et les deux amis de la Corse, FILIPPINI, et VINCIGUERRA, et aussi, OLIVE avec ses potes A.E.T : LHERITIER, ROUBERTIE, OLLIER, PICARD, GESSLER tous issus des différentes écoles d’enfants de troupe, qui nous ont aidés et initiés à comprendre que l’on ne rigole pas avec les règles de la vie en collectivité., tous ces Copains excusez moi pour les oubliés …qui avec une pléiade de récits et d’aventures que chacun a rapporté et qui nous a unis tous jusqu’à la fin du peloton. Ces moments là, qui fut le début de notre vie d’adulte avec toutes ses responsabilités envers l’Armée, le Règlement, qui commença…avec ses hauts et ses bas, ses heures exaltantes et ses périodes de désespoir parfois. La Vie quoi ! * Notre séjour 1963 / 1964Effectif
des ESOA au départ du peloton 16 : 83, , puis Six de Antibes
sont venus si mes souvenirs sont exacts. Un ESOA fut radié
pour faute personnelle au champ de tir, faute contre la Sécurité du
tir. Ce qui fait un total de 88 sous toutes réserves… Six ESOA sont venus de l’École des Sports de ANTIBES pour suivre la formation militaire , à l’issue de leur spécialisation Sportive. La
Présentation au Drapeau, avec invitation
des parents par le Colonel PIEDAGNEL, clôturait la fin de
cette formation élémentaire du soldat. Nous avons fêté la Saint GABRIEL le 21 Mars 1964.. Un menu plus particulier fut servi, mais nous n’avons pas échappé à la plonge ce jour là. Un quartier libre fut accordé cet après-midi là jusqu’à 21 heures. Tout le monde fut rentré à l’heure. Et puis la marche - combat de trois jours, de la compagnie, par section, d’environ 120 kilomètres avec bivouacs sous tente, dont le sol avait été séché avec un dépôt de paille à cause de l’humidité. On a mal dormi, mais lourdement, car on avait goûté à la progression en binôme, au rhum de l’intendance: pas mauvais et fleuri ! …et essayé les premières rations de type M, musulmanes, restes des stocks de nourriture prévus pour les évènements d’Algérie.. Les ampoules aux pieds n’ont pas manqué, Mais nous sommes tous rentrés en marchant d’un pas lent , traînant et cadencé, comme des hommes fatigués mais fiers d’être derrière notre Capitaine et nos chefs respectifs, en rangs, au pas, au passage du poste de police de la caserne Valence. La garde a jailli des locaux pour se mettre en place et nous présenter les honneurs, lorsque nous avons entonné le chant à l’entrés de la rue menant au quartier. Un moment d’ivresse et de fierté dont je me souviens bien ! La revue d’armes générale des armes présentée par le Capitaine MOSMANN et son encadrement, nous a occupé la journée , puis la nuit, et encore une partie de la matinée. Il fallait que toutes les armes de la caserne soient séchées , astiquées et « nickel » ! La revue avec les gants blancs, la curette, fut une découverte pour nous et nous en avons bavé, mais nous y sommes parvenus, au prix d’une nuit blanche , non récupérable. Le permis de conduire avec comme examinateur le Capitaine MOSMANN fut très serré, bien qu’un candidat ait vidé l’examinateur du siège de la jeep. Venu le ramasser, il a grommelé que c’était de sa faute car il n’avait pas accroché la sangle portière alors à sa disposition. Le candidat fut reçu. Le manque de jeep pour le VL a obligé les candidats à passer le permis sur DODGE 4X4 ou 6X6, suivant la disponibilité. Il fallait passer les six vitesses et rétrograder sans faire grincer les vitesses et effectuer environ 50 mètres en marche arrière et faire un demi tour. Pas facile ! mais cependant avec les cours donnés auparavant l’adaptation s’est bien passée et tous les permis furent acceptés. Ce permis VL était obligatoire pour passer le CIA. , Certificat interarmes qui donnait droit à l’échelle 3 Militaire, à détenir avant de passer l’échelle 3 de spécialité. Resterait donc à passer le BA 1 et BA2. de spécialité pour obtenir l’Echelle 4 complète. Puis eut lieu la prise d’armes du 14 Juillet sur l’avenue le long de la Garonne. Le Colonel PIEDAGNIEL nous a étonné en commandant le front des troupes étalées sur un bon kilomètre, sans micro, mais avec une voix forte et autoritaire. Beau défilé pour rentrer au quartier Valence suivi du repas. A l’issue du repas de midi tout ordinaire,une après midi de révisions, au repos au quartier, Ensuite notre vie de caserne et les révisions : La Piscine à la « Piscine des Iles » civile en plein air. Le Cinéma au quartier quand nous avions du temps de libre. La garde au poste de police 24 heures et le Renfort de nuit au SEPR. La consigne , punition qui était considérée comme une grosse punition ! La
prison je n’ai pas de souvenir de punis de ce motif. Les examens : Certificats Pratiques de Spécialité1 et 2, Certificat de Spécialité Militaire1 et 2, le CIA, pour le galon de Sergent. Et pour tous, une permission de trois semaines, chez les parents, avant la ventilation sur les Corps d’affectation. Nous avons été les premiers à avoir formé un détachement de 21 candidats volontaires pour passer le Brevet Parachutiste à l’Ecole des Troupes Aéroportées au camp d’ASTRA à PAU ; En accord avec le Commandement, nous avons fait cadeau de notre permission de trois semaines de fin de peloton à l’issue du P.16, afin de suivre le stage de la 724° Promotion de sauts. Tous les 21, sommes revenus brevetés parachutistes, ayant fait six sauts de jour, le saut de nuit ayant été impossible à réaliser au vu des conditions météo. Les mutations dans les diverses garnisons se sont faites ensuite à l’issue de ce stage qui s’est terminé le 14 octobre 1964. Tous les E.S.O.A étaient alors réunis pour l’amphi de ventilation dans la Salle de Cinéma, sous la présidence du Chef de Bataillon E.Ch FONTAINE. Le P18 était déjà à l’instruction et certains du P16 étaient déjà affectés à l’EMIAT pour leur encadrement. Nota : Certains sont toujours restés jaloux de ceux du peloton 17 qui avaient perçu une prime d’engagement très conséquente, démesurée en proportion de la notre…On en a vu qui se roulaient dans des tas de billets de 10.000F qu’ils avaient entassés pour se faire prendre en photo !!! Ils avaient en effet touché le gros lot . Pour mémoire : Prime d’engagement pour 5 ans 128.000 Frs pour nous, engagés le 1° octobre 1963. Et prime de 1.024.000 Frs pour la même durée pour ceux de la Compagnie P 17 qui pouvaient s’engager à partir du 1° Novembre et prendre le stage qui commençait le 1° Avril 1964 suivant !. Le
Major de Promo était GUTEKUNST qui a commandé le 57°RT
MULHOUSE jusqu’à sa dissolution et qui est passé
Général…(Je l’ai revu en 1983 au 18°RT à Epinal, il était en
visite à la dissolution de la compagnie expérimentale du
RITA.) MONTASTIER décédé en service moins d’un an après notre ventilation… C’est le Lieutenant BOURGEOIS et une équipe de mécaniciens qui ont ramené le char à l’Ecole à l’automne 1964. Il aura fallu plus de 100 litres d’essence pour faire le trajet du débarcadère de la gare d’Agen au stade de la caserne Valence où il fut mis en position de stockage. 5/7/1997 : La Retraite en Moselle de retour au terroir: après : AGEN (EMIAT P-16) ; EPINAL-(18°RT) ; BAYONNE-(61°BTAP) ; KOBLENTZ-(40°CT) WITTLICH-(4/51°CLT et 420°BCS) ; DIEUZE-(13°RDP) ; EPINAL(2°)-(18°RT) ; THIONVILLE.(40°RT).
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